Le Cailar, Arles 2005
Art contemporain et taureau Camargue, 18ème édition
Cette année, la dix huitième édition de l'exposition d'été du Cailar relative au taureau Camargue transhume en ce début d'automne, comme le font les taureaux, jusqu'à la Grande Camargue, et vient s'accrocher en Arles à la Chapelle Saint Laurent, qui fut la première chapelle de la confrérie des gardians.
Initiée au Cailar, cette manifestation donne à ce jeu taurin rural une représentation à la mesure de sa modernité et permet au public local, sensibilisé par un sujet qui le touche, d'appréhender la création contemporaine.
En 2005, cinq artistes ont travaillé sur ce thème usant de médiums différents : peinture, installation, photographie, vidéo.
Le Grand David, musicien et Dj, a construit une arène. Un taureau en lévitation tourne tête baissée au milieu du plan formé par des barricades quasi vraies ; il n'affronte personne et danse un boléro sous la foultitude d'étoiles projetées par la boule à facettes qui lui donne son mouvement. La piste de sable du combat devient dance floor et le héros naturel, noctambule infatigable.
Cette installation est complétée d'une nano-œuvre, un peu isolée : un paquet de riz " Taureau elle est " bavard qui conte les caractéristiques zodiacales et exploits des taureaux.
Lilian Euzéby a créé un " mur de la bouvine " : un ensemble conséquent d'ex-voto, comme tout droit sortis d'une collection de quelque aficonado érudit. Eclairées de guirlandes aux petites ampoules de couleur, les images, les silhouettes de ces cocardiers de tout petit format centrées sur un support de vieux papiers peints ou de torchons de cuisine, encadrés de moulures colorées, dorées, souvent fatiguées tapissent un grand mur pour un historique des taureaux vedettes. Un retable païen, à la fois ludique et mélancolique.
Valery Koshlyakov, l'emblématique représentant de la nouvelle peinture russe, fasciné par les chefs-d'œuvre du passé, se réapproprie l'architecture de l'amphithéâtre arlésien sur des cartons moscovites usagés, déchirés. Cette œuvre immense faite de grandes taches, de coulées, d'arrachements d'apparence informe, abstraits isolément et dans leur environnement immédiat, révèle par l'éloignement ou la réduction d'une reproduction son sujet, sa puissance, les marques du temps, son histoire.
Cette œuvre est complétée d'une énergique tête de taureau et d'une pièce où texte et couronne de lauriers dorés font un écho tout empreint de romanité aux sépultures de quelques taureaux célèbres, comme celle du Sanglier qui marque, au Cailar, l'entrée du village.
Thierry Rajic, comme le Grand David d'ailleurs, n'appartient pas au monde de l'art, il est photographe et réalisateur de clips (dont le dernier Souchon " Et si en plus ya personne ") et de films publicitaires. Parallèlement, Thierry Rajic développe un travail personnel avec une petite peluche bleue flanquée de grands yeux de poupée, Zouzou : son double pour d'obsessionnelles aventures. Dans une vidéo et un jeu de photographies de tous formats et d'une grande qualité plastique, Zouzou découvre ici à la fois le monde de l'art et celui du taureau Camargue :
Les paysages, les lumières, le jeu, les clichés, les légendes, les symboles aussi. Un travail subtil, riche et beaucoup de poésie.
Antonio Recalcati, peintre milanais et figure de proue au début des années soixante avec Arroyo et Gilles Aillaud du mouvement dit de " la nouvelle figuration " a pris un réel plaisir à peindre cette série sur le taureau Camargue ; certainement en souvenir des nombreux et joyeux séjours passés en Petite Camargue. Il rend ici hommage au Sanglier et à Chomel par une suite de peintures à l'huile à la palette dense, lumineuse, aux appositions culottées. Au milieu de ces " taurines " une gitane de facture expressionniste, comme une Carmen énigmatique et enjouée cheminant sur une digue saline.
J-M B
Commissaire de l'exposition : Jean-Marie Bénézet, directeur du Cercle d'Art Contemporain du Cailar
6 août / 4 septembre 2005
Maison Mathieu
Du mardi au dimanche inclus Entrée Libre